La Mort et le Bûcheron

Jean de la Fontaine

Analyse linéaire





Plan de la fiche sur La Mort et le Bûcheron - Jean de la Fontaine :
Introduction
Texte de la fable La Mort et le Bûcheron
Analyse linéaire
Conclusion


Introduction

     Le XVIIème siècle s'intéresse à la morale, ainsi qu'à l'esprit critique. Dans la fable, La Mort et le Bûcheron La Fontaine nous présente le dernier étage de la société : le bûcheron. Il nous présente tout d'abord sa vie (le corps), et en tire une morale philosophique (l'esprit).


La Mort et le Bûcheron - Jean de la Fontaine - Illustration de Jean-Baptiste Oudry
La Mort et le Bûcheron - Jean de la Fontaine - Illustration de Jean-Baptiste Oudry (XVII - XVIIIème siècle) - Détail


Texte de la fable La Mort et le Bûcheron


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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com

La Mort et le Bûcheron


1.  Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,
2.  Sous le faix du fagot aussi bien que des ans
3.  Gémissant et courbé marchait à pas pesants,
4.  Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.
5.  Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,
6.  Il met bas son fagot, il songe à son malheur.
7.  Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?
8.  En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?
9.  Point de pain quelquefois, et jamais de repos.
10. Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,
11. Le créancier, et la corvée
12. Lui font d'un malheureux la peinture achevée.
13. Il appelle la mort, elle vient sans tarder,
14. Lui demande ce qu'il faut faire
15. C'est, dit-il, afin de m'aider
16. A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.
17. Le trépas vient tout guérir ;
18. Mais ne bougeons d'où nous sommes.
19. Plutôt souffrir que mourir,
20. C'est la devise des hommes.

Jean de la Fontaine - Les Fables



Annonce de l'analyse linéaire

I -   Le pauvre bûcheron
II -  Les pensées du bûcheron
III - Le bûcheron face à la Mort
IV - La moralité de la fable


Analyse linéaire

I - Le pauvre bûcheron (vers 1 à 6)

- Portrait du bûcheron : c'est un pauvre homme (affectif / financier). On ne voit d'abord que son fagot ("la ramée" ; son humanité semble écrasée sous ces branchages), et on comprend vite que c'est un vieillard ("aussi bien que des ans") qui ne peut se permettre d'arrêter son travail.
- "Gémissant et courbé" nous renseigne sur son état physique et psychologique.
- Rythme monotone, mais très régulier => il marche "à pas pesants", péniblement.
- Assonances avec des nasales : [an] => "ans", "gémissant", "pesants"...
- Il "tâchait de gagner" => il a du mal.
- "Chaumine" => pauvreté, habitation rudimentaire.
- Fin des 4 premiers vers : "ramée" => sa tâche      "ans" => son âge      "pesants" => souffrance
"enfumée" => misère.
- "Enfin" => conséquence logique : il pose son fagot, fatigué, souffrant ; il cède à l'épuisement.
- "Son malheur" -> le mot est enfin lâché, il reconnaît lui-même son grand désespoir.


II - Les pensées du bûcheron (vers 7 à 12)

- Style indirect libre pour nous décrire l'évolution de sa vie :
- il n'a jamais pris de plaisir => l'épuisement lui fait oublier les joies qu'il a pu connaître dans sa vie
- il n'y a pas plus pauvre que lui => pas de pain, pas de repos (chiasme au vers 9). "La machine ronde" => expression populaire, dénuée de philosophie.
- Sa famille est une charge, il ne peut la nourrir convenablement => cela fait partie de son malheur (à la différence d'autres personnes qui voient la famille comme quelque chose d'agréable), de même que les soldats qui dorment chez lui car il ne peut pas payer ses impôts.
- Au vers 10 et 11, l'accumulation représente autant de coups assénés sur le pauvre homme.
- Vers 11 en octosyllabe (4/4) => point culminant de ses malheurs : le créancier et la corvée.

        => Il est le modèle parfait du malheureux.


III - Le bûcheron face à la Mort (vers 13 à 16)

- Il appelle donc la Mort (ici la mort est considérée comme une divinité, donc le mot prend une majuscule), qui arrive très vite lorsqu'on la réclame.
- Elle lui demande ce qu'il "faut faire" (comment il veut mourir).
- Suspens avec l'enjambement vers 15/16, mais aussi avec le "dit-il".
- Réponse surprenante : il veut qu'elle l'aide à ramasser son fagot (aurait-il peur d'elle lorsqu'il se trouve face à elle, et aurait-il fait marche arrière ?). Manque de sang-froid face à la Mort, et le motif de sa venue va donc être le fagot qui traîne par terre !
- "Tu ne tarderas guère" => il a hâte de la voir disparaître à présent.


IV - La moralité de la fable (vers 17 à 20)

- Morale : les hommes préfèrent la souffrance à la mort, car ils en ont peur, et c'est ce que La Fontaine méprise dans la nature humaine. La mort est une guérison, mais les hommes sont lâches.
- La morale est détachée du reste de la fable : elle est en heptasyllabes.




Conclusion

La Fontaine, à travers la fable La Mort et le Bûcheron, laisse deviner sa sympathie pour ce pauvre bûcheron et souhaite susciter la pitié chez le lecteur. Cependant, l'auteur nous laisse aussi comprendre son mépris pour la lâcheté de la nature humaine.

Remarques complémentaires :
- Pas d'animaux dans cette fable, pour une fois.
- La fable semble être à la limite de la prose :
- les mots sont simples (sauf dans la morale => "trépas", "souffrir", "mourir"...)
- mélange des rimes => vers 1 à 4 : embrassées ; 5 à 8 : plates ; 13 à 16 : croisées.




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