Causerie

Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal

Analyse linéaire







Plan de la fiche sur Causerie de Charles Baudelaire :
Introduction
Texte du poème
Analyse linéaire du poème
Conclusion


Introduction

    Le poème Causerie appartient au recueil Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire. Il s'apparente au Spleen.

    Une causerie est une petite conférence sans prétention. Le poète nous parle de sa tristesse sans prétention. Le thème abordé ici est celui de la tristesse causée par une femme.





Texte du poème


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Lu par Thomas de Châtillon - source : litteratureaudio.com


Causerie


Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer.

- Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ;
Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé
Par la griffe et la dent féroce de la femme.
Ne cherchez plus mon cœur ; les bêtes l'ont mangé.

Mon cœur est un palais flétri par la cohue ;
On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux !
- Un parfum nage autour de votre gorge nue !...

O Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux !
Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,
Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes !

     Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal


Charles Baudelaire
Charles Baudelaire



Versification

Il s'agit d'un sonnet irrégulier. Les vers sont des alexandrins aux rimes croisées. La rime du dernier tercet est plate. Les rimes sont suffisantes (rose/morose) et pauvres (saccagé/mangé). L'alternance des rimes masculines et féminines est respectée.

Cf. fiche sur les rimes.


Analyse linéaire du poème

Premier quatrain - La montée de la tristesse :

Le vers 1 est une métaphore de la femme. Baudelaire la compare à « un beau ciel d'automne, clair et rose ». Le point d'exclamation marque la stupéfaction face à la beauté, et l'enthousiasme du poète.
Néanmoins l'antithèse entre « automne », qui est une saison détestée par Baudelaire et assimilée au Spleen, et « beau ciel […] clair et rose » annonce que l'on n'est pas dans l'idéal. ‘Il y a un problème' avec cette femme.

Au vers 2, le « Mais » introduit l'idée du Spleen plus clairement. La montée de la tristesse est comparée à la marée.

Au vers 3 et 4, la métaphore du « limon » (sédiment qui se dépose après le retrait d'un fleuve) montre que la femme a laissé un souvenir amer au poète. Le limon exprime l'idée de quelque chose qui reste et qui n'est pas agréable (adjectif péjoratif « amer »). Une femme a donc fait du mal au poète « laisse […] le souvenir cuisant ». Sens du goût.

Le terme « morose » est une hypallage (attribuer à certains mots d'une phrase ce qui se rapporte à d'autres mots, ici ce n'est pas la lèvre qui est morose, mais le poète) pour parler de l'humeur triste du poète.

Le rythme est irrégulier. Les césures ne sont pas régulières :
Vers 1 -> 9/3
Vers 2 -> 6/6
Vers 3 -> 2/4/6
Vers 4 -> 6/6
Enjambement entre les vers 3 et 4

Au vers 2 à 4, l'allitération en [m] souligne la montée de la tristesse. Les assonances en [an] et [on] évoquent une plainte due à cette tristesse.


Vers 5 à 10 - Le cœur détruit :

Au vers 5, continuation de l'allitération en [m] et des assonances en [an] et [on]. Le tiret met en évidence ce vers qui pourrait s'apparenter à l'Idéal -> renforce l'idée d'inutilité.
« qui se pâme » montre que le poète reçoit la caresse avec plaisir.
Au vers 6, il y a le terme « amie ». Quelqu'un le réconforte. Au vers 6 et 7 son cœur est un « lieu saccagé par la griffe et la dent féroce de la femme » -> une femme l'a fait souffrir.
« La griffe et la dent » -> la femme est décrite comme un fauve, une bête sauvage et dangereuse.
Au vers 7, les allitérations en [f] et en [r] soulignent l'idée de carnage.

Au vers 8, « Ne cherchez plus » montre que le poète refuse la caresse, et donc la femme et le plaisir qu'elle peut lui procurer. Le poète dit que les bêtes ont mangé son cœur. De nouveau, métaphore des « bêtes » pour parler des femmes.

Le rythme est irrégulier. Les césures ne sont pas régulières :
Vers 5 -> 6/6
Vers 6 -> 4/2/6
Vers 7 -> pas de césure
Enjambement entre les vers 6 et 7.
Vers 8 -> 6/6
Vers 9 -> pas de césure
Vers 10 -> 3/3/6


Au vers 9, le cœur est un « palais flétri par la cohue ». Le palais a donc perdu toute sa splendeur à cause du carnage qui y a eu lieu. Cela souligne l'idée de la destruction qu'a causée la femme au poète.
Au vers 10, il y a une description du carnage. Accumulation et rythme haché qui suggère la bestialité.


Vers 11 à 14 - La défaite du poète :

Au vers 11, le tiret met en évidence une rupture, puisque le poète retourne vers qui pourrait s'apparenter à l'Idéal. L'allitération en [ge] montre un retour à des sonorités plus douces, plus sensuelles. Les trois petits points montrent l'évaporation du parfum.

Au vers 12, métonymie de la Beauté qui désigne en fait les femmes. La beauté qui est apostrophée par le ‘Ô' vocatif. La Beauté est le « fléau des âmes » -> c'est une calamité. Cela renforce encore l'idée du mal causé par la femme.

Au vers 13 et 14, le poète demande une fin à son supplice en demandant à la femme de brûler son cœur.

Au vers 13, « les yeux de feu, brillants comme des fêtes » est une comparaison montrant que la femme est heureuse de le voir souffrir.

Au vers 14, « ces lambeaux » est une métaphore pour le cœur. « Calcine » veut dire brûle entièrement -> fin du calvaire. Le poète demande son sacrifice, c'est un ordre (le verbe calciner est à l'impératif). Le poète renonce finalement à lutter, il se livre entièrement à la femme même si celle-ci le détruit. C'est un revirement de situation, car il lutte dans tout le poème pour résister à la femme.


Conclusion

    Causerie se rapproche de Chant d'automne, poème également de Baudelaire, car nous pouvons y retrouver cette même idée de souffrance.




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Merci à Emilie pour cette analyse de Causerie de Charles Baudelaire