Chant d'automne

Charles Baudelaire - Les Fleurs du mal



Plan de l'analyse de Chant d'automne de Charles Baudelaire :
Introduction
Texte du poème Chant d'automne
Analyse linéaire du poème
Conclusion


Introduction

    Chant d'automne a été publié en 1857 dans la section "Spleen et Idéal" recueil Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.

Thèmes :
    - Spleen et Idéal
    - Amour
    - La mort
    - Les saisons

    Chant d'automne est constitué de 7 quatrains, avec des vers en alexandrin, et des rimes croisées. Le poème est en 2 parties majeures (I et II).


Texte du poème Chant d'automne


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Lu par Janico - source : litteratureaudio.com



Chant d'automne


I

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

II me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

II

J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

Et pourtant aimez-moi, tendre cœur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou sœur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.

Courte tâche ! La tombe attend - elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !

   Les Fleurs du mal - Spleen et Idéal - Charles Baudelaire



Analyse linéaire du poème

- Au premier mot ("Bientôt"), on apprend que quelque chose va arriver.
- "Nous plongerons" : le poète attire l'attention du lecteur.
- La première strophe avec ses mots "ténèbres", "Adieu", et "chocs funèbres" laissent penser à la mort (champ lexical de la mort).
- vers 4 : ce vers montre une image du bois que nous utilisons pour le chauffage, une image qui représente l'hiver.

- A la 2ème strophe, le saut soudain, le passage de l'été à l'hiver est très rapide, et inattendu.
- Vers 5-6 : enjambement. Ces mots représentent l'humeur caricaturée de l'hiver, la vision de cette saison où il fait froid et mauvais (exemple : haine - peur de la maladie, ou horreur - la mort…).
- "Labeur dur et forcé" au vers 6 : On a l'impression de travailler plus et quand on finit il fait nuit, il faut gagner assez pour se payer le bois…
- "Enfer polaire" : oxymore ; le soleil est chaud, lumineux mais l'hiver, bien que toujours là, la chaleur et la lumière n'atteignent plus les hommes, arrêtées, enfermées par le froid.
- Vers 8 est la première allusion à l'amour.
- Dans toute la 2ème strophe, on remarque une allitération en [r], montrant la dureté de l'hiver.

- Vers 9 : chaque bûche qui disparaît dans le feu, c'est de l'argent qui part, de la chaleur en moins.
- Vers 10 : métaphore au vers 9 qui compare la mort d'une pendaison, le bruit du claquement de la tête et de la corde quand elle se tend est pour le poète le même bruit de la bûche qui tombe pour brûler. C'est dû à l'importance que prend un morceau de bois ; il est non seulement la chaleur, mais la vie.
- Les vers 11 et 12 sont une autre métaphore de l'esprit de Baudelaire qui dit ressembler à une tour (forme de l'homme) qu'on abat avec des coups (coups durs de l'hiver ; peuvent être moraux, financiers,…).

- Cette métaphore continue à la strophe suivante ; le choc devient monotone, trop habituel, sans oublier la mort encore présente ("cercueil").
- L'allitération en [k] ("choc monotone, / Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. / Pour qui") mime le son des coups ou du martèlement ("on cloue").
- Durant ces dernières strophes, on se croyait en hiver, mais ce n'est que l'automne : montre combien le temps est long, avec le souvenir de l'été et l'appréhension de l'hiver.

- La deuxième partie nous semble incohérente au départ, avec les mots "J'aime [...] douce beauté" mais les mots "mais" et "amer" établissent la relation avec la première partie du poème.
- "Ni le boudoir, ni l'âtre" : Métonymie.
- Vers 19 et 20 : Baudelaire remet les pieds sur terre et laisse le spleen s'installer à la place de l'Idéal, perdu dans son malheur et cherchant quelque réconfort que la femme ne peut lui donner, car il a besoin de cette chaleur de la nature ; le soleil, donc l'été.

- Vers 21 : Appel au secours, de besoin d'aide, avec l'usage de l'impératif  "aimez-moi", "soyez".
- Mère : besoin d'amour maternel, besoin d'affection et protection.
- Amante : Besoin de passion, de plaisir.
- SÅ“ur : complicité.
=> On a là toutes les images de la femme
- Ephémère : Besoin d'un moment qui casse la monotonie.

- Le dernier quatrain, plein d'exclamations, est comme une révolte, et un dernier espoir vers le beau temps.
- "La tombe attend…" : A nouveau la mort, proche tout au long du poème.
- Les 3 derniers vers sont encore une recherche désespérée vers la femme puis le soleil ("rayon jaune et doux").





Conclusion

    Dans le poème Chant d'automne, on peut remarquer deux grandes "forces" montées l'une contre l'autre : le spleen et l'idéal, ou plus mystique, Eros (amour) et Thanatos (mort). D'où Thanatos, fils de Nyx (la nuit) et Hypnos (le sommeil) prend une forme très importante dans le poème.
    Le titre, Chant d'automne est un chant plaintif, demandant de l'aide contre l'hiver, le malheur, l'horreur…



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Merci à Taryn pour cette analyse de Chant d'automne de Charles Baudelaire