Plan de l'analyse de 
Nevermore de Verlaine :
 est le second poème de la section "Mélancholia" des 
Poèmes  Saturniens (publiés en 1866, -> 
texte complet des Poèmes saturniens) de 
Paul Verlaine. Il se situe après "Résignation", poème dans  lequel Verlaine avoue s'être plié au refus d'Elisa, une folie. Ce poème évoque  un souvenir d’un amour passé du poète, une déception amoureuse, certainement  celle avec Elisa, dont Verlaine était amoureux. Le poème 
Nevermore appartient donc plutôt au style romantique par le  souvenir lyrique d’un premier amour.
  Forme classique du 
sonnet.
Verlaine
  
Texte du poème Nevermore de Verlaine
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Lu par René Depasse - source : litteratureaudio.com
   
Nevermore
Souvenir, souvenir, que me  veux-tu ? L'automne
Faisait voler la grive à travers l'air atone,
Et le soleil dardait un rayon monotone
Sur le bois jaunissant où la bise détone.
Nous étions seul à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. 
Soudain, tournant vers moi son regard émouvant :
« Quel fut ton plus beau jour ? » fit sa voix  d'or vivant,
Sa voix douce et sonore, au frais timbre angélique. 
Un sourire discret lui donna la réplique,
Et je baisai sa main blanche, dévotement.
- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont parfumées !
Et qu'il bruit avec un murmure charmant
Le premier oui qui sort de lèvres bien-aimées !
  
  Verlaine
  Poèmes saturniens
  
 
Annonce des axes
I. La nostalgie de l'amour passé
II. Un souvenir obsessionnel bien vivant
III. Un amour platonique
Commentaire littéraire
I. La nostalgie de l'amour passé
- Souvenir -> la fuite du temps. Le mot  souvenir est mis en 
anaphore dès le début du poème => mise en valeur. « que me veux-tu » ->  attend une réponse. Verlaine s'adresse directement à ses souvenirs -> 
personnification des  souvenirs.
- Titre « Nevermore » = jamais  plus -> Mélancolie, nostalgie de l'amour perdu et qui ne reviendra pas.
- Femme idéalisée : adjectifs mélioratifs  « voix douce », « au frais timbre angélique »…
- L'adjectif angélique range la femme  idéalisée dans une sphère supérieure, dans une sphère du Divin.
- « sa voix douce et sonore » -> 
allitération en [S] qui  exprime la douceur.
- La nature évoque la tristesse :  automne - atone - monotone = > les 3 premières rimes du poème évoquent la  tristesse. Musicalité de ces rimes.
Même le soleil ne peut pas réchauffer le  poète : « rayon monotone »
=> Le paysage projette les sentiments du  poète.
- Monotonie du paysage renforcée par  l’unité musicale de la strophe par la présence d’une seule 
rime riche ("-tone").
- 
Antithèses : grive/ atone et dardait/  monotone
La dernière strophe laisse éclater les  regrets du poète dans des exclamations parfaitement élégiaques. L’interjection  « Ah ! » est un soupir qui contient toute l’ambiguïté du bonheur  revécu et perdu.
  Verlaine idéalise cette époque par la métaphore « les  premières fleurs » pour désigner le premier amour. Les fleurs évoquent le  printemps => Le poème Nevermore se termine donc sur une note plus joyeuse que l’automne du début du poème.
Registre mélancolique :
  - tristesse du passé perdu
  - douceur du souvenir
  Registre lyrique.
Il y a dans ce poème quelque chose de très  impressionniste, avec les couleurs et les sons et Verlaine se reconnaissait en  tant que tel.
  
  
  
  
II. Un souvenir obsessionnel bien vivant
- L'irrégularité dans la disposition des  rimes (AAAA/BBBB/CCD/EDE) par rapport aux règles classiques traduit l'émoi du  poète.
    - A partir de la deuxième strophe, Verlaine  se remémore les moments passés avec son amoureuse : « Nous »,  « Elle et moi ». « Elle et moi » renforce le lien entre le  masculin et le féminin.
    - Le souvenir semble très vivant :  « Soudain » (vers 7).
    - Seconde et troisième strophes :  personnes au premier plan -> scène de théâtre
    - L'obsession de Verlaine se traduit par la  reprise en début du premier tercet de « sa voix » comme en fin du  second quatrain.
III. Un amour platonique
- La passion vécue par Verlaine a un  aspect platonique fait d'émotions visuelles, auditives ou olfactives.
    -  L'être aimé semble un être pur : « main blanche »  (vers 11) -> le blanc est synonyme de pureté.
    -  L'adjectif « dévotement » (vers 11) souligne cet  aspect platonique.
    - Le seul contact qu'ont les 2 êtres est un  baisemain -> pudeur des sentiments.
    - Harmonie et compréhension entre les 2  êtres : « Un sourire discret lui donna la réplique ».
    - « cheveux et pensée au vent »  -> zeugme (=associer termes concret et abstrait) dans les cheveux aux vents  et la pensée au vent. Verlaine illustre une fusion entre l’homme et la nature  rattachant les pensées du couple au vent.
Conclusion
     Le poème 
Nevermore de Verlaine est une 
élégie (poème lyrique qui exprime de la tristesse).  Dans cette promenade amoureuse, il y a une juxtaposition d'impressions sonores,  visuelles et olfactives parfois contrastées.