Mémoires

Louise Michel

De "Au fond de ma révolte…" à "…jamais on n'y vint."




Plan de la fiche sur un extrait de Mémoires de Louise Michel :
Introduction
Texte étudié
Annonce des axes
Commentaire littéraire


Introduction

    Louise Michel (Vroncourt-la-Côte, 29 mai 1830 - Marseille, 9 janvier 1905) fut une grande figure de l'anarchisme : l'histoire ne retient d'ailleurs d'elle que son héroïsme sur les barricades de la Commune de Paris en 1871.

Louise Michel



Texte étudié

Louise Michel
Mémoires
Chapitre XI


    Au fond de ma révolte contre les forts, je trouve du plus loin qu’il me souvienne l’horreur des tortures infligées aux bêtes.

    J’aurais voulu que l’animal se vengeât, que le chien mordît celui qui l’assommait de coups, que le cheval saignant sous le fouet renversât son bourreau ; mais toujours la bête muette subit son sort avec la résignation des races domptées. — Quelle pitié que la bête !

    Depuis la grenouille que les paysans coupent en deux, laissant se traîner au soleil la moitié supérieure, les yeux horriblement sortis, les bras tremblants, cherchant à s’enfouir sous la terre, jusqu’à l’oie dont on cloue les pattes, jusqu’au cheval qu’on fait épuiser par les sangsues ou fouiller par les cornes des taureaux, la bête subit, lamentable, le supplice infligé par l’homme.

    Et plus l’homme est féroce envers la bête, plus il est rampant devant les hommes qui le dominent.

    Des cruautés que l’on voit dans les campagnes commettre sur les animaux, de l’aspect horrible de leur condition, date avec ma pitié pour eux la compréhension des crimes de la force.

    C’est ainsi que ceux qui tiennent les peuples agissent envers eux ! Cette réflexion ne pouvait manquer de me venir. Pardonnez-moi, mes chers amis des provinces, si je m’appesantis sur les souffrances endurées chez vous par les animaux.

    Dans le rude labeur qui vous courbe sur la terre marâtre, vous souffrez tant vous-mêmes que le dédain arrive pour toutes les souffrances.

    Cela finira-t-il jamais ?

    Les paysans ont la triste coutume de donner de petits animaux pour jouets à leurs enfants. On voit sur le seuil des portes, au printemps, au milieu des foins ou des blés coupés en été, de pauvres petits oiseaux ouvrant le bec à des mioches de deux ou trois ans qui y fourrent innocemment de la terre ; ils suspendent l’oiselet par une patte pour le faire voler, regardent s’agiter ses petites ailes sans plumes.

    D’autres fois ce sont de jeunes chiens, de jeunes chats que l’enfant traîne comme des voitures, sur les cailloux ou dans les ruisseaux. Quand la bête mord le père l’écrase sous son sabot.

    Tout cela se fait sans y songer ; le labeur écrase les parents, le sort les tient comme l’enfant tient la bête. Les êtres, d’un bout à l’autre du globe (des globes peut-être !), gémissent dans l’engrenage : partout le fort étrangle le faible. Étant enfant, je fis bien des sauvetages d’animaux ; ils étaient nombreux à la maison, peu importait d’ajouter à la ménagerie. Les nids d’alouette ou de linotte me vinrent d’abord par échanges, puis les enfants comprirent que j’élevais ces petites bêtes ; cela les amusa eux-mêmes, et on me les donnait de bonne volonté. Les enfants sont bien moins cruels qu’on ne pense ; on ne se donne pas la peine de leur faire comprendre, voilà tout.

    N’ai-je pas moi-même jeté aux vilaines gens des crapauds (qui devenaient ce qu’ils pouvaient), Cette pensée me fit changer de manière d’agir envers les vilaines gens.

    C’étaient des poèmes relatant tout ce qu’on leur reprochait, en vers plus ou moins sauvages, que je leur envoyais. Ces vilaines gens-là étaient bien inoffensifs, à comparer avec ceux que je vis depuis.

    Mon rôle de don Quichotte valut à mon grand-père bien des lettres où on promettait de venir me corriger vertement, puisqu’il ne le faisait pas lui-même ; mais jamais on n’y vint.

[...]




Annonce des axes

I. Une méthode empirique de réflexion sur le monde
1. Vision de la petite Louise sur les tortures des animaux et son indignation
2. Alternation du "je" adulte et du "je" enfant pour mieux comprendre le monde des adultes

II. Un style d'écriture savant mais accessible
1. Un vocabulaire recherché
2. Un texte narratif à visée argumentative : registre épidictique
3. Un texte narratif à visée informative : registre réaliste



Commentaire littéraire

I. Une méthode empirique de réflexion sur le monde

1. Vision de la petite Louise sur les tortures des animaux et son indignation

Louise Michel est indignée que l'on puisse faire du mal à quelque chose de vivant juste pour le plaisir.

2. Alternation du "je" adulte et du "je" enfant pour mieux comprendre le monde des adultes

Elle se revoit enfant en se rappelant de ses pensées et réfléchit adulte sur celles-ci pour essayer de comprendre pourquoi ils font du mal à ces animaux.


II. Un style d'écriture savant mais accessible

1. Un vocabulaire recherché

Elle emploie un vocabulaire très simple mais avec des mots recherchés, c'est un style d'institutrice.

2. Un texte narratif à visée argumentative : registre épidictique

Ce passage est ponctué de mots avec des valeurs (bien / mal), elle porte un jugement défavorable aux paysans en général.

3. Un texte narratif à visée informative : registre réaliste

Ce passage est réaliste car il montre un certain mode de vie : celui des paysans et leur brutalité.


Conclusion






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Merci à Mélissa pour cette analyse d'un extrait de Mémoires de Louise Michel