Antigone

Jean Anouilh

Rupture avec Hémon







Introduction

Après Sophocle, Jean Anouilh reprend le mythe d'Antigone. Fille d'Oedipe et de Jocaste, la jeune Antigone est en révolte contre la loi humaine qui interdit d'enterrer le corps de son frère Polynice. Présentée sous l'Occupation, en 1944, l'Antigone d'Anouilh met en scène l'absolu d'un personnage en révolte face au pouvoir, à l'injustice et à la médiocrité.

La scène précédente était la scène d’adieu où Antigone léguait sa chienne à la nourrice et s’appropriait de la tendresse pour affronter les évènements.
Ici, c’est une scène d’adieu avec Hémon. Elle ne lui dit pas pourquoi elle ne veut pas l’épouser.


Lecture du texte


Annonce des axes

Cette scène nous montre 3 moments essentiels de leur vie : passé, présent, avenir.


Commentaire littéraire

I. Le passé

Antigone fait allusion au soir du bal où il l’a demandée en mariage "je voulais être ta femme". Elle lui rappelle l’amour qui les uni "je t’aime comme cela, moi, très fort".

La veille, elle avait emprunté tous les accessoires de féminité d’Ismène (robe, parfum, rouge à lèvre) afin de le séduire, d’être désirable (physiquement). Par ce déguisement, elle voulait être comme les autres jeunes filles, elle voulait entrer dans la norme.

Mais cette soirée a été un échec "tu as ri et nous nous sommes disputés". Hémon n’a rien compris à la démarche d’Antigone (vu son caractère, il aurait pu se poser des questions). Elle s’est alors sauvée de honte et s’est sentie incomprise (pour elle c’était une démarche grave avant son geste fatal).
Elle est déçue car elle venait lui donner la preuve de son amour et il n’a pas compris.


II. Le présent

Il se présente sous la forme d’un chantage : Hémon a compris qu’Antigone était dans un moment exaltation et qu’elle était capable de se jeter dans le vide s’il bougeait ou parlait. Il doit même partir "sors". On note la brièveté de la demande ; "tout de suite" insiste sur l’ordre ; "pas maintenant, pars vite" anaphore.

Il a juré de ne rien dire et doit subir le monologue d’Antigone sans comprendre. Les adverbes montrent l’urgence de la situation : elle ne pourra pas résister longtemps à cette tension "jamais", "demain", "vite", "s’il te plait Hémon" (prière).

Progression depuis l’ordre jusqu'à la supplication "si tu m’aimes" -> dernier chantage.
Finalement Hémon l’aime et s’exécute, il s’en va sans dire mot.


III. L’avenir

Il n’y en a pas. Nous allons voir les aspects qu’il y aurait pu y avoir.

- Le mariage est annulé, ton dramatique, anaphore de jamais "jamais, jamais je ne pourrais t’épouser". La négation mise en tête de phrase met en valeur cette révélation.
- Elle ne réalisera jamais son rêve d’être une femme et de passer dans le monde adulte (ce qu’elle avait essayé de réaliser la veille).
- Son rôle de mère. Elle aurait été très présente, affectueuse, maternelle "le petit garçon" répété plusieurs fois montre sa peine de ne pouvoir aimer un enfant didascalie "un tel désespoir".
- Elle a choisi son destin qui va l’entrainer vers la mort et pour ne pas faiblir, elle ne veut pas donner d’explication à Hémon.
- La conclusion est brève. La scène est terminée. Elle va passer à la scène suivante. Elle a sacrifié Hémon et ses idées.


Conclusion

Dans un style simple, un langage parlé (phrases courtes elliptiques), Antigone rompt avec Hémon qu’elle aime. Elle a choisi d’enterrer son frère et de mourir malgré son amour pour la vie (homme/ enfant).
Les didascalies nous indiquent la tension dramatique de cette scène.
Hémon apparaît plus faible et moins affirmé qu’Antigone qui dévoile ici son caractère.
Retourner à la page sur Antigone - Jean Anouilh !
Retourner à la page sur l'oral du bac de français 2024 !
Merci à Mélanie pour cette analyse