Article « Torture », dictionnaire philosophique portatif (1769)
Un passage touchant au thème de la torture légale au XVIIIème
siècle, dans le dictionnaire philosophique, il est situé juste
après le Traité sur la tolérance (ironie). Voltaire est
un écrivain engagée et cherche à faire abolir la question
(torture) qui était autrefois pratiquée par des brigands donc dans
l’illégalité.
Plan
I Un sujet abordé sous six angles différents
II Dénonciation
III Un texte ironique
Dans la manière de procéder, Voltaire use dune forme surprenante. En effet, les six paragraphes nont rien à voir entre eux. Malgré le sujet connu, chaque paragraphe est abordé différemment.
I Un sujet abordé sous six angles différents
Lapparition de lidée de Torture est dans le titre, puis aux lignes 1, 26, 38. Les autres thèmes qui reprennent ces idées : questions (l. 15 et 18). De manière plus lointaine, il en fait allusion avec « expérience » (l. 11) et dans le paragraphe 5, à la ligne 28, « aventure » dans son sens premier. Enfin le dernier, il y a encore une périphrase : « anciens usages atroces ».
Dans le premier paragraphe, il y a un parallèle entre lantiquité et la pratique de la torture à Paris au XVIIIème siècle. Ce parallèle permet de montrer labsurdité de leurs actes actuels. Ceci montre que cest à son époque grâce au « conseiller de la Tournelle ». Le côté officiel de ces pratiques est montré par les termes suivants : « grande et petite torture », « chirurgien ». On passe du domaine officiel au privé dans le second paragraphe. La présence de sa « femme », « juste avant le dîner », la conversation familière nous montre que lon se trouve à son domicile. Dans le troisième paragraphe, on arrive à une généralisation sur le comportement des Français avec une comparaison avec les Anglais qui ont renoncé à la torture. On en vient aussi à parler de linhumanité. Puis pas de transition avec le paragraphe 4. On a une anecdote qui est un exemple dactualité : on connaît les causes de son accusation, ce quil a subi. Puis dans le paragraphe 5, on passe à un élargissement plus historique et géographique. Enfin dans le paragraphe 6, on a un point de vue extérieur où il compare la France avec la Russie, qui est arriérée, barbare. Ceci pour insister sur le fait que la France est le pays le plus barbare.
La torture est utilisée comme châtiment et comme moyen de faire avouer (par. 2-4). Leffet produit sur le lecteur est une surprise, qui permet de ne pas le lasser. Cela le choque aussi et lamène à réfléchir et réagir.
II Dénonciation
Les Romains qui sont à la base du droit utilisé au XVIIIème en France, permet en soulignant quils torturent les esclaves, de nous montrer que malgré la différence des époques, leur justice na pas évoluée depuis lantiquité. Au-delà de cette absence de progrès, il dit quen rabaissant lêtre humain on peut alors le torturer. La justice déshumanise.
En principe le rôle du chirurgien est de sauver des hommes or il est ici dénoncé comme complice, car il les sauve pour quils soient de nouveau torturés. On a donc un détournement de la torture lorsquil dit : « il se donne ». Il le fait donc par sadisme.
Dans le second paragraphe, la dénonciation porte sur les magistrats. Il lui dit quil ne se rend pas compte de ses actes. Ceci devient un sujet de conversation banal, qui paraît ne plus choquer et qui permet de se détendre. Voltaire a donc relancé sans arrêt cet intérêt. Dans le troisième, « inhumanité » est mise en rapport avec « fort humain » ainsi que les Français ont une apparence usurpée car ils se croient fort humain alors quils sont inhumains et que ce ne sont pas les Anglais qui sont inhumains en raison du soi-disant vol du Canada. Voltaire souligne le contraire de la réalité. Dans le quatrième, la critique de Voltaire porte sur la disproportion entre les chefs daccusation et la sentence. Dautant plus, quils insistent sur les circonstances atténuantes : sa jeunesse (à plusieurs reprises), ses origines familiales, son esprit et sa grande espérance. Le relancement ininterrompu de la phrase permet dinsister sur son innocence. Il nous montre aussi la barbarie à létat pur et insiste sur labsurdité. Il a été convaincu de sacrilège. Dans le paragraphe 5, il dénonce la barbarie de la France par rapport au Moyen-Age qui le fut déjà énormément. Il utilise « cruelle » pour qualifier la France. Enfin dans le dernier paragraphe, il emploie un terme plus fort en suggérant que la France est « barbare ». Il souligne en fait que la Russie a progressé avec Catherine II. Il valorise la Russie en parlant de personnages antiques : le Roi Minos de Crète, le Roi Numa et le législateur athénien Solon. En effet limpératrice a fait mieux queux en abolissant la torture. Les Français qui se voient satisfaits deux ne voient pas leurs absurdités.
Ceci a pour but de provoquer une réaction dindignation du Français, sans quil intervienne souvent personnellement (« je » l.16). Le procédé essentiel est lironie.
III Un texte ironique
1) Ironie
Voltaire donne une apparente légèreté du ton pour parler de choses graves. Par exemple, « cela fait passer 1 heure à 2 ». La torture est ici banalisée et donc en contradiction avec la réalité. Ceci crée un effet de chute. De même que, « Mon petit cur personne ? ». Il y a une opposition entre petit cur et la question. Il y a une disproportion. Dans le cinquième paragraphe également il utilise plusieurs petites relatives pour raconter des petits faits. Alors que la dernière phrase fait chuter le tout avec quelque chose de grave et dimportant. Enfin la dernière phrase du paragraphe 6 utilise une fausse logique et la contradiction de deux phrases. « donc » met en liaison deux choses sans rapport. Lauteur ne donne pas son avis mais se démarque de la France.
2) Effet de décalage
Dans le troisième paragraphe lorsquil parle du décalage entre les Français et les Anglais quils qualifient dinhumains, ils soulignent bien lopposition en qualifiant les autres dinhumains pour montrer linverse de la réalité. Il remet en cause lidée quil avait de la France.
Conclusion
La manière de procéder de Voltaire est caractéristique. Il parle légèrement de la torture. Cette façon de varier les approches du sujet et de le banaliser fait que le lecteur est surpris. Il sadresse à limagination, à la sensibilité et amène le lecteur à tirer sa propre conclusion. Il essaye de toucher les Français par leur orgueil en leur montrant quils se comportent toujours de manière obscure. Lémotion de Voltaire est contenue.
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Merci Céline qui m'a envoyé cette fiche...