Torture - Voltaire

TORTURE

Voltaire


Voltaire (1694-1778)

Article « Torture », dictionnaire philosophique portatif (1769)

Un passage touchant au thème de la torture légale au XVIIIème siècle, dans le dictionnaire philosophique, il est situé juste après le Traité sur la tolérance (ironie). Voltaire est un écrivain engagée et cherche à faire abolir la question (torture) qui était autrefois pratiquée par des brigands donc dans l’illégalité.



Explication de texte

Plan

I – Un sujet abordé sous six angles différents

II – Dénonciation

III – Un texte ironique

Dans la manière de procéder, Voltaire use d’une forme surprenante. En effet, les six paragraphes n’ont rien à voir entre eux. Malgré le sujet connu, chaque paragraphe est abordé différemment.

I – Un sujet abordé sous six angles différents

L’apparition de l’idée de Torture est dans le titre, puis aux lignes 1, 26, 38. Les autres thèmes qui reprennent ces idées : questions (l. 15 et 18). De manière plus lointaine, il en fait allusion avec « expérience » (l. 11) et dans le paragraphe 5, à la ligne 28, « aventure » dans son sens premier. Enfin le dernier, il y a encore une périphrase : « anciens usages atroces ».

Dans le premier paragraphe, il y a un parallèle entre l’antiquité et la pratique de la torture à Paris au XVIIIème siècle. Ce parallèle permet de montrer l’absurdité de leurs actes actuels. Ceci montre que c’est à son époque grâce au « conseiller de la Tournelle ». Le côté officiel de ces pratiques est montré par les termes suivants : « grande et petite torture », « chirurgien ». On passe du domaine officiel au privé dans le second paragraphe. La présence de sa « femme », « juste avant le dîner », la conversation familière nous montre que l’on se trouve à son domicile. Dans le troisième paragraphe, on arrive à une généralisation sur le comportement des Français avec une comparaison avec les Anglais qui ont renoncé à la torture. On en vient aussi à parler de l’inhumanité. Puis pas de transition avec le paragraphe 4. On a une anecdote qui est un exemple d’actualité : on connaît les causes de son accusation, ce qu’il a subi. Puis dans le paragraphe 5, on passe à un élargissement plus historique et géographique. Enfin dans le paragraphe 6, on a un point de vue extérieur où il compare la France avec la Russie, qui est arriérée, barbare. Ceci pour insister sur le fait que la France est le pays le plus barbare.

La torture est utilisée comme châtiment et comme moyen de faire avouer (par. 2-4). L’effet produit sur le lecteur est une surprise, qui permet de ne pas le lasser. Cela le choque aussi et l’amène à réfléchir et réagir.

II – Dénonciation

Les Romains qui sont à la base du droit utilisé au XVIIIème en France, permet en soulignant qu’ils torturent les esclaves, de nous montrer que malgré la différence des époques, leur justice n’a pas évoluée depuis l’antiquité. Au-delà de cette absence de progrès, il dit qu’en rabaissant l’être humain on peut alors le torturer. La justice déshumanise.

En principe le rôle du chirurgien est de sauver des hommes or il est ici dénoncé comme complice, car il les sauve pour qu’ils soient de nouveau torturés. On a donc un détournement de la torture lorsqu’il dit : « il se donne ». Il le fait donc par sadisme.

Dans le second paragraphe, la dénonciation porte sur les magistrats. Il lui dit qu’il ne se rend pas compte de ses actes. Ceci devient un sujet de conversation banal, qui paraît ne plus choquer et qui permet de se détendre. Voltaire a donc relancé sans arrêt cet intérêt. Dans le troisième, « inhumanité » est mise en rapport avec « fort humain » ainsi que les Français ont une apparence usurpée car ils se croient fort humain alors qu’ils sont inhumains et que ce ne sont pas les Anglais qui sont inhumains en raison du soi-disant vol du Canada. Voltaire souligne le contraire de la réalité. Dans le quatrième, la critique de Voltaire porte sur la disproportion entre les chefs d’accusation et la sentence. D’autant plus, qu’ils insistent sur les circonstances atténuantes : sa jeunesse (à plusieurs reprises), ses origines familiales, son esprit et sa grande espérance. Le relancement ininterrompu de la phrase permet d’insister sur son innocence. Il nous montre aussi la barbarie à l’état pur et insiste sur l’absurdité. Il a été convaincu de sacrilège. Dans le paragraphe 5, il dénonce la barbarie de la France par rapport au Moyen-Age qui le fut déjà énormément. Il utilise « cruelle » pour qualifier la France. Enfin dans le dernier paragraphe, il emploie un terme plus fort en suggérant que la France est « barbare ». Il souligne en fait que la Russie a progressé avec Catherine II. Il valorise la Russie en parlant de personnages antiques : le Roi Minos de Crète, le Roi Numa et le législateur athénien Solon. En effet l’impératrice a fait mieux qu’eux en abolissant la torture. Les Français qui se voient satisfaits d’eux ne voient pas leurs absurdités.

Ceci a pour but de provoquer une réaction d’indignation du Français, sans qu’il intervienne souvent personnellement (« je » l.16). Le procédé essentiel est l’ironie.

III – Un texte ironique

1) Ironie

Voltaire donne une apparente légèreté du ton pour parler de choses graves. Par exemple, « cela fait passer 1 heure à 2 ». La torture est ici banalisée et donc en contradiction avec la réalité. Ceci crée un effet de chute. De même que, « Mon petit cœur…personne ? ». Il y a une opposition entre petit cœur et la question. Il y a une disproportion. Dans le cinquième paragraphe également il utilise plusieurs petites relatives pour raconter des petits faits. Alors que la dernière phrase fait chuter le tout avec quelque chose de grave et d’important. Enfin la dernière phrase du paragraphe 6 utilise une fausse logique et la contradiction de deux phrases. « donc » met en liaison deux choses sans rapport. L’auteur ne donne pas son avis mais se démarque de la France.

2) Effet de décalage

Dans le troisième paragraphe lorsqu’il parle du décalage entre les Français et les Anglais qu’ils qualifient d’inhumains, ils soulignent bien l’opposition en qualifiant les autres d’inhumains pour montrer l’inverse de la réalité. Il remet en cause l’idée qu’il avait de la France.

Conclusion

La manière de procéder de Voltaire est caractéristique. Il parle légèrement de la torture. Cette façon de varier les approches du sujet et de le banaliser fait que le lecteur est surpris. Il s’adresse à l’imagination, à la sensibilité et amène le lecteur à tirer sa propre conclusion. Il essaye de toucher les Français par leur orgueil en leur montrant qu’ils se comportent toujours de manière obscure. L’émotion de Voltaire est contenue.



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Merci Céline qui m'a envoyé cette fiche...