Prédit me fut…

Louise Labé - 24 sonnets - 1555





Plan de la fiche sur Prédit me fut… de Louise Labé :
Introduction
Texte du poème Prédit me fut…
Annonce des axes
Commentaire littéraire
Conclusion




Introduction

      Louise Labé (née à Lyon en 1524, décédée en 1566) a reçu une éducation complète, lisant le latin et l'italien, ce qui lui permit de s'inspirer de l’auteur italien Pétraque à qui on doit le recueil de 317 sonnets Canzoniese écrit en 1370. Ainsi on retrouve dans les sonnets de Louise Labé l'évocation des tourments de la passion, de l'amour meurtri. Le sonnet est considéré comme la forme par excellence pour évoquer une situation amoureuse : il se compose de deux quatrains et de deux tercets. Elle publie Débats de folie et d’amourÉlégies24 sonnets qui correspondent à une poésie amoureuse et intimiste.

      Elle a connu un amour malheureux avec le poète Olivier de Magny, qui l'a ensuite abandonnée. Louise Labé évoque dans ce vingtième sonnet une passion amoureuse virant à une fatale souffrance. La distinction entre les quatrains et les tercets est mise en valeur par la progression de la présentation de la situation amoureuse.

Louise Labé
Louise Labé



Texte du poème Prédit me fut…

Prédit me fut que devait fermement
Un jour aimer celui dont la figure
Me fut décrite ; et sans autre peinture
Le reconnus quand vis premièrement.

Puis le voyant aimer fatalement,
Pitié je pris de sa triste aventure,
Et tellement je forçai ma nature,
Qu'autant que lui aimai ardentement.

Qui n'eût pensé qu'en faveur devait croître
Ce que le Ciel et destins firent naître ?
Mais quand je vois si nubileux apprêts,

Vents si cruels et tant horrible orage,
Je crois qu'étaient les infernaux arrêts
Qui de si loin m'ourdissaient ce naufrage.

Louise Labé - 24 Sonnets - 1555



Annonce des axes

I. Une évolution mise en valeur par le sonnet
II. Un amour fatal, source de souffrance



Commentaire littéraire

I. Une évolution mise en valeur par le sonnet

• Champ lexical de l’amour, répétitions (vers 1, 5, 8) du verbe « aimer » mis en valeur par l’enjambement (vers 1), ainsi que par sa position après l’adverbe qui riment ensemble (jeu de sonorité) et les différents temps employés.
             -> L’amour est le thème dominant du sonnet.

• Situation personnelle : évocation des sentiments personnels avec les marques de la première personne du singulier.

• Évocation futuriste : « un jour aimer » des sentiments masculins platoniques puis l’annonce d’un amour réciproque « Qu’autant que lui aimai ardentement »,
            -> Unité des quatrains dans le lyrisme amoureux, avec un bonheur d’aimer. Par la suite, on constate cependant une évolution dans les sentiments des personnages.

• Évolution aussi perceptible dans les temps utilisés :
    - les étapes sont évoquées par des verbes au passé simple
    - articulation chronologique : annonce prédiction, la reconnaissance par le regard (champ lexical : peinture, reconnus, décrite), l’auteur se force à aimer pour arriver à la fin des quatrains à un amour réciproque.

• Cet amour intense semble être réciproque avec les adverbes : fermement, ardentement (qui riment).
• L’amour est présenté comme un sentiment unilatéral, ici la naissance de l’amour ne naît pas du premier regard mais parce que la poétesse se force - cet amour semble enfin éprouvé par la poétesse (autant que lui) or on constate que ce qui sera évoqué dans les tercets marque une rupture avec les quatrains. Ce poème lyrique (évocation de l’amour) va laisser place à la tristesse et au registre pathétique, tragique.
• Vers 9-10 : utilisation du conditionnel passé « eut pensé » qui annonce la rupture et de la conjonction de coordination « mais ».
• Utilisation du présent associé à des verbes de souffrances.
• Rupture également marquée par la question qui montre l’évolution avec le verbe « croître »

Transition : Ainsi la forme du poème permet de mettre en valeur l’expression d’un amour fatal, source de souffrance pour l’auteur. Le lyrisme amoureux va se transformer en registre pathétique.


II. Un amour fatal, source de souffrance

• Au début ce n’était qu’une simple prédiction qui va devenir un enfer.
    - l’auteur doit suivre sa destinée : champ lexical du destin : « prédit me fut », « devait », « ciel et destin », « fatalement » qui associé au verbe aimer exprime un amour unilatéral fatal pour les deux protagonistes
    - personnage objet : « me fut », « m’ourdissait », « je forçai ma nature » = le personnage subit l’action, d’autant plus mis en valeur par sa position en début et fin de poème.
                • « triste aventure » : l’homme subit aussi la fatalité.
                • « ciel et destin » : force supérieure divine inconnue.
                • « infernaux » montre que cette destinée est connotée de manière dépréciative.

      -> Ainsi l’auteur subit une fatalité source de souffrance.

• Présentation d’un amour malheureux de façon métaphorique et poétique connoté de façon dépréciative :
        • métaphore de la tempête = violence destructrice de cet amour
        • les tourments de la passion : avec les intensifs « si, tant »
        • Champ lexical de la tempête : «apprêts », « vent », « orage », « naufrage » = métaphore filée image d’un amour orageux
        • Les adjectifs qui présentent cette tempête sont intensifiés « cruel », « horrible » « nubileux » qui soulignent cet amour malheureux d’où le registre pathétique et tragique.
        • Cet amour finit comme un naufrage, une force qu'on ne peut pas affronter : la fatalité.
Ainsi avec l’expression d’une fatalité source de souffrance, Louise Labé se présente telle une héroïne tragique qui suscite la pitié du lecteur.




Conclusion

      Ainsi ce texte est un sonnet lyrique où Louise Labé évoque ses sentiments personnels dont un amour fatal : elle ne peut se soustraire à ce destin qui est somme de souffrance transfiguré par la métaphore filée de la tempête, signe d’un amour violent. Par conséquent, on remarque que le registre lyrique se mue aussi en registre tragique.

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